Caroline Guidou (La Carotte) : « Les compagnies ont inventé une nouvelle façon de transmettre »

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le 29/05/2020

Dans un contexte sans précédent, Jura Nord vous propose une série d’articles sur « l’après-crise » et donne la parole aux entrepreneurs et acteurs associatifs. Comment envisagent-ils l’avenir ? Quels sont les clés du rebond ? Un « devoir d’optimisme » semble se dessiner pour imaginer les solutions du monde de demain.

 

Compagnie de spectacle vivant professionnelle et association culturelle enracinée à Jura Nord, la Carotte a su adapter son projet associatif pour maintenir le lien avec le public. En remplacement du Festival de la Source annulé, un projet mûri autour d’une nouvelle forme de transmission de petites formes théâtrales. Entretien avec Caroline Guidou, sa coordinatrice artistique.

 

CCJN : La culture et le monde du spectacle vivant ont été profondément affectés par la crise. Comment la Carotte a-t-elle adapté ses propositions culturelles ?
C.G. : Dès l’arrêt de notre activité, notre objectif était de proposer de nouveau quelque chose le plus vite possible, mais différemment. C’est ce qu’on a fait avec « La Bibliothèque humaine confinée* ». Les participants se sont enregistrés, et les inscrits ont reçu tous les jours une histoire. Ce fut un succès incroyable avec 500 inscrits de Jura Nord, mais aussi d’Australie, d’Afrique… Grâce au bouche-à-oreille, on a touché un très large public. On a créé aussi un blog où les gens pouvaient exprimer leurs retour après écoute. Nous avons eu des témoignages très touchants. Quelque chose s’est passé !

CCJN : Dès le début, avez-vous compris que vous seriez les premiers concernés, et peut-être aussi les derniers à retrouver une activité normale ?
C.G. : On a senti le truc, mais on a pris le temps avant de prendre la décision d’annuler le Festival de la Source. Au début, j’étais confiante, j’avais tout organisé afin de le repousser. Mais fin avril, on a compris qu’il faudrait attendre septembre pour une reprise normale avec du public.

CCJN : Pourquoi ne pas avoir maintenu puisque les festivals à petite jauge ont été autorisés ?
C.G. : Ce n’est pas ma vision de proposer un festival où le public est à un mètre les uns des autres, avec des masques. Cela veut dire aussi deux fois moins de spectateurs. On a eu peur que les festivaliers ne soient pas au rendez-vous, et de ne pas y arriver financièrement.

CCJN : Quels sont les autres évènements que vous avez dû annuler ou reporter ?
C.G. : Le projet Terre Ferme ** devait se terminer cette année par la thématique de la forêt en avril. Il a été reporté à novembre. Concernant le gala de l’école de théâtre, on y croit encore, et on espère rouvrir quelques cours en juin, avec deux stages en juillet et une restitution par petits groupes, le tout dans le respect des gestes barrières.
A la place du festival, nous réfléchissons à un projet de remplacement : un spectacle « surrise »avec tous les artistes de La Carotte, les 3 et 4 juillet, au Parc intercommunal de Gendrey.

CCJN :  Est-ce que les acteurs de la culture, de par leur faculté à porter un regard critique sur la société, créer du participatif, valoriser l’humain et une société plus solidaire… pourraient être à l’origine d’un renouveau dans ce monde d’après ?
C.G. : Il est vrai que l’on a toujours été des observateurs de la société, avec un pied de côté, pour faire réfléchir les gens. Nous ne sommes pas les seuls acteurs. Il y a aussi les maraîchers, les écologistes… qui œuvrent dans ce sens. Mais nous avons la possibilité de transmettre ce message. D’ailleurs, aucune compagnie ne s’est arrêtée totalement pendant le confinement. Elles ont décidé de faire autrement, en visio. Toutes ont réinventé une autre façon de transmettre.

ECCJN : Économiquement, La Carotte pourrait-elle être en danger ?
C.G. : Aujourd’hui, ce n’est pas la catastrophe, je ne suis pas si inquiète, grâce aux fonds de soutien. Le festival ne nous permet pas de gagner de l’argent, il est habituellement tout juste à l’équilibre. Nous aurons juste un chiffre d’affaires plus bas. Mes inquiétudes portent en revanche sur l’avenir, d’ici un ou deux ans : avec la crise économique, on peut craindre une baisse des subventions. Nous n’avons pas de visibilité à ce jour.

 

* « La Bibliothèque humaine » : initialement prévue le 21 mars 2020 chez des habitants de Saligney, l’objectif était de proposer au public d’écouter des récits individuels, intimes, des tranches de vie, et parfois même, des vies tout entières. Ceux-ci ont été écrits et devaient être contés par des femmes et des hommes qui s’étaient lancé(e)s dans l’aventure en janvier dernier pour devenir livres humains, sous la direction de Nicolas Debray. En partenariat avec Le Colombier des Arts, cet événement a été transformé en « Bibliothèque Humaine Confinée » : ce sont les histoires qui se sont déplacées de maison en maison à la rencontre du public. Les histoires peuvent encore être écoutées jusqu’au 30 juin

** Dans le cadre de son projet de territoire «Terre Ferme», la compagnie La Carotte est parti à la rencontre du public et des acteurs du tissu agricole et maraîcher local, par la mise en place de manifestations au sein même des exploitations du territoire.
 

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