CCJN : Comment s’est déroulée la période de confinement pour EMCO France ? L’activité s’est-elle totalement arrêtée ?
A.H. : Nous avons subi un arrêt brutal de l’activité le 17 mars, et, à partir de cette même semaine, un arrêt total des commandes. Nous étions trois personnes encore sur le pont pour faire tourner la société. L’objectif était alors de rouvrir le plus vite possible.
CCJN : Durant cette période d’incertitudes sanitaires et économiques, comment prépare-t-on la reprise de l’activité ?
A.H. : Nous avons d’abord maintenu le lien avec les clients, qui étaient eux aussi tous fermés. En interne, nous avons aussi entretenu le contact avec les salariés, tous au chômage partiel. Le point positif, c’est que nous avons relancé la fabrication le 27 avril, alors que nous avions très peu de commandes. Il n’y a rien de pire qu’une usine qui ne tourne pas ! Avec un effectif réduit, nous avons remis de la vie dans l’entreprise.
CCJN : Êtes-vous inquiet pour la pérennité de l’entreprise ?
A.H. : Nous enregistrons une perte sèche de chiffre d’affaires de deux mois. Pendant la crise, nous avons honoré nos engagements, maintenu les salaires, conservé tous les salariés. Nous sommes adossés à un grand groupe allemand qui nous apporte des garanties financières. Aussi mes inquiétudes portent davantage sur la question sanitaire et la protection de nos salariés, que sur l’aspect économique et l’avenir de la société.
CCJN : Quelle est la priorité aujourd’hui ?
A.H. : Retrouver de la croissance, pour préserver nos salariés. Notre plus grande force, c’est la compétence de nos salariés. C’est ce que je leur dis : nous étions leader du tapis d’entrée avant la crise, nous l’étions pendant, et nous le resterons demain.
CCJN : Quels lendemains se dessinent pour les entreprises françaises ? Comment repartir aujourd’hui ?
A.H. : Je pense que notre avenir repose sur la commande publique. Si elle est au rendez-vous, je reste très optimiste. Les collectivités devront investir dans de nouveaux projets, lancer des appels d’offres, pour que les entreprises remplissent leur agenda pour 2021. Voici les perspectives d’avenir, véritable signe de confiance dont ont besoin les entreprises. Au niveau des consommateurs, il faut privilégier les produits fabriqués en France, les réseaux courts, la proximité et le service qui en découle. Nous avons dans le département la chance extraordinaire de disposer de l’association Made in Jura qui véhicule ces valeurs depuis des années. J’invite les industriels jurassiens qui adhèrent à cette marque territoriale à rejoindre l’association pour que les mots se transforment en actes.
CCJN : Quels sont pour vous les leçons à tirer de cette crise ?
A.H. : Nous travaillons aujourd’hui différemment : il y a les règles de sécurité sanitaires, les gestes barrières, mais aussi le télétravail pour les équipes commerciales. C’est une véritable révolution technologique et d’organisation du travail qui se dessine, même si cela reste compliqué en termes de matériel, de connexion ou d’adaptabilité du salarié. C’est la leçon à en tirer : intégrer plus de mix entre présentiel et distanciel, pour le bien-être des salariés et de l’environnement.